Le commerce extérieur de l'Union européenne

Quel est le poids de l'Europe dans le commerce mondial ? En quoi consiste sa politique commerciale, entre libre-échange et défense contre la concurrence déloyale ? L'essentiel à savoir sur le sujet en 3 minutes.

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L'Europe, pôle commercial mondial

L'Union européenne est aujourd'hui la troisième puissance commerciale du monde, derrière la Chine et les Etats-Unis. A eux trois, ils représentent près de la moitié du commerce international.

Hors commerce intra-communautaire (qui représente le double du commerce extérieur), le total des échanges de biens (exportations et importations) de l'UE avec le reste du monde atteint 3 454 milliards d'euros en 2016, soit plus de 15% du commerce mondial de biens. Elle se place ainsi légèrement derrière les États-Unis et la Chine, et loin devant le Japon. Son excédent commercial atteint 33 milliards d'euros en 2016.

Ses principaux partenaires commerciaux sont les États-Unis, plus importante destination des exportations européennes en 2016, puis la Chine, la Suisse, la Turquie et la Russie. Avec le Japon et la Norvège, ces marchés représentent plus de la moitié des exportations de biens européens. Ces sept pays sont également les plus grands fournisseurs de biens importés par l'Union européenne, la Chine se classant ici au premier rang.

Elle est la première exportatrice de produits agricoles, loin devant les Etats-Unis et le Brésil. L'UE est par ailleurs le plus grand exportateur mondial de produits manufacturés et de services, et notamment le premier pôle touristique mondial. Plus de 30 millions d'emplois européens dépendent du commerce extérieur.

Parmi les États membres de l’UE, l’Allemagne possède de loin la plus grande part du commerce extra-européen. Elle totalise ainsi 28,7% des exportations européennes de biens à destination des pays tiers et près d’un cinquième (18,8%) des importations européennes en 2016. Elle est suivie par le Royaume-Uni (11,1%), l’Italie (10,5%) et la France (10,4%) pour les exportations de biens, et par le Royaume-Uni (16,6%), les Pays-Bas (14,2%), la France (9,4%) et l’Italie (8,4%) pour les importations.

L'Union a ainsi pu ces dernières années maintenir une position relativement forte dans le commerce de biens, tout en renforçant son rôle dominant dans le commerce des services, et ce malgré le ralentissement mondial entraîné par la crise économique de 2008.

La politique commerciale européenne

La politique commerciale de l’Union européenne est l’une des politiques communes les plus intégrées. Elle relève pour l'essentiel de la compétence exclusive de l'Union européenne, ce qui permet à l'UE de défendre ses intérêts internationaux d'une seule voix. Celle-ci est alors représentée par la Commission européenne auprès des Etats tiers (c'est elle qui négocie par exemple les accords de libre-échange) et des organisations internationales, bien que les Etats membres et le Parlement européen conservent de nombreuses prérogatives, comme le droit de veto pour la ratification des accords commerciaux.

Régie par les traités, la politique commerciale européenne s'efforce de contribuer "au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu'à la réduction des barrières douanières et autres" (article 206 TFUE). La libéralisation du commerce mondial est ainsi l'un de ses objectifs, rappelle la Commission européenne.

Dès l'origine, le traité de Rome de 1957 prévoit la réalisation d'un Marché commun et, à ce titre, d'une Union douanière. Celle-ci implique non seulement une liberté de circulation des marchandises entre les Etats membres, mais également des règles communes envers les pays tiers. En 1968, la Communauté européenne instaure alors un tarif douanier commun à tous les Etats membres, qui s'applique aux importations de marchandises franchissant les frontières extérieures de l'union.

Aujourd'hui, et bien que les deux dimensions soient liées, la politique commerciale de l'Union européenne concerne essentiellement le commerce international et non intraeuropéen. Au niveau de la Commission européenne par exemple, les responsabilités incombent à deux personnes distinctes (Cecilia Malmström pour la politique commerciale, Elżbieta Bieńkowska pour le marché intérieur).

Aujourd'hui, l'un des axes principaux du commerce extérieur de l'UE est le développement des échanges bilatéraux avec les pays tiers, concrétisés ou non par des accords de libre-échange. La Commission européenne a accéléré il y a quelques années les négociations avec les Etats-Unis (TTIP, aujourd'hui au point mort), le Canada (le CETA a été signé le 30 octobre 2016), et plus récemment le Japon (en bonne voie), le Mexique, le Mercosur ou encore la Chine. Elle compte notamment occuper, rappelle l'Institut Jacques Delors, la place que la réorientation protectionniste engagée par le président américain Donald Trump laisserait vacante, y compris sur le terrain de la régulation du commerce mondial, alors que la concurrence chinoise se renforce.

Une autre dimension concerne la défense de l'Union européenne contre les pratiques déloyales de ses partenaires, qu'elle assure notamment via des instruments antidumping ou anti-subvention. Des outils récemment modernisés pour prévenir un changement de statut de la Chine à l'OMC fin 2016. A l'inverse, elle octroie un certain nombre d’avantages commerciaux aux pays en développement et aux pays les moins avancés, à travers un système dit de "préférences généralisées".

La carte ci-dessous, réalisée par la Commission européenne, présente les accords commerciaux de l'Union européenne avec des pays tiers. Les pays marron foncé sont ceux avec lesquels l'UE a adopté de tels accords, en marron clair ceux dont l'accord doit encore être formellement adopté ou ratifié, en jaune ceux dont l'accord est en cours de négociation.

Débats et perspectives

Le commerce extérieur européen génère son lot de débats et de polémiques. Une partie de l'attention est focalisée sur les questions relatives à la mondialisation, au libre-échange et au protectionnisme.

Les controverses les plus récentes ont porté sur les accords de libre-échange négociés par la Commission européenne avec certains pays tiers, notamment les Etats-Unis (TTIP/TAFTA) et le Canada (CETA). D'un côté, l'Union européenne promeut les gains économiques de tels accords. De l'autre, un certain nombre de voix s'élèvent pour critiquer l'opacité des négociations, les risques d'une augmentation des échanges pour l'agriculture européenne (en termes d'emplois ou d'alimentation), ou encore ceux liés à l'instauration de tribunaux d'arbitrage privés pour régler les litiges commerciaux entre Etats et entreprises. Les récents développements devraient rendre la ratification de ces accords de "nouvelle génération" de plus en plus complexe, puisque les parlements nationaux devront désormais les valider eux aussi.

L'ouverture commerciale de l'UE l'expose également à de nombreuses critiques. Pour certains, les intérêts européens seraient depuis longtemps trop exposés à la concurrence déloyale des pays tiers, notamment la Chine. L'Union européenne devrait donc rétablir une meilleure réciprocité dans ses échanges extérieurs. Un point sur lequel elle a fait un pas important en 2016 en renforçant ses instruments de défense commerciale. Elle pourrait aller plus loin, comme l'y invite notamment la Commission européenne dans son document de réflexion sur la mondialisation, ou encore la France qui souhaite que l'UE contrôle mieux les investissements étrangers ciblant des secteurs stratégiques européens.