Sénégal : l’aéroport international Blaise-Diagne enfin paré au décollage ?

Après dix ans de travaux, l’aéroport devrait être inauguré début décembre. Les derniers réglages sont en cours, avec de nouveaux partenaires.

À moins d’un énième aléa et sous réserve que l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) ne reporte son autorisation à début 2018, le nouvel aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) devrait entrer en service le 7 décembre, après dix ans de travaux, de péripéties et plus de 400 milliards de F CFA (environ 610 millions d’euros) d’investissements.

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Cette inauguration officielle aura sa guest star : le premier appareil à décoller de l’AIBD devrait être l’un des deux ATR 72-600 d’Air Sénégal, le tout nouveau pavillon national, qui succède à Sénégal Airlines. Un an avant la présidentielle, la réussite ou le report de cette double mise en exploitation de la nouvelle compagnie et du nouvel aéroport sénégalais va compter dans le bilan de Macky Sall et de son Plan Sénégal émergent (PSE), dont l’un des volets vise à faire du pays un hub régional.
Situé à Diass, à 15 km de la ville nouvelle de Diamniadio, à 30 km de Mbour et de la station balnéaire de Saly Portudal et à 50 km du centre de Dakar, ville à laquelle il est relié par l’autoroute à péage – dans moins de deux ans, il le sera par le train express régional (TER) –, l’AIBD doit aussi contribuer au rééquilibrage démographique et économique entre la presqu’île du Cap-Vert et la région de Thiès.
Le transfert progressif vers l’AIBD des trafics de passagers et de fret, ainsi que des activités qui leur sont liées, depuis l’aéroport international Léopold-Sédar-Senghor (près de 2 millions de passagers et 34 000 t de fret en 2016) arrivé à saturation et enclavé dans le nord de la capitale, va en effet décongestionner Dakar au profit du nouveau triangle urbain Diamniadio-Thiès-Mbour, au cœur duquel est implanté le nouvel aéroport.
Le plus grand projet aéroportuaire d’Afrique de l’Ouest

Cinq fois plus grand que l’aéroport Léopold-Sédar-Senghor, l’AIBD est doté d’une capacité de 5 millions de voyageurs par an (3 millions pour la première année) pour le terminal passagers et de 50 000 tonnes pour le terminal fret. Afin de se démarquer de ses concurrents dans la bataille des hubs aéroportuaires ouest-africains, la société d’exploitation de l’AIBD a misé sur la construction, à Diass, d’un centre d’entretien et de maintenance aéronautiques de dernière génération – soit un investissement supplémentaire estimé à près de 35 milliards de F CFA. Ce type de pôle de compétence est rare sur le continent (les plus réputés sont ceux d’Ethiopian Airlines, à Addis-Abeba, et de Royal Air Maroc, à Marrakech-Menara) et n’existait plus au Sénégal depuis la disparition d’Air Afrique en 2002.
Projet emblématique de la présidence d’Abdoulaye Wade, le chantier de l’AIBD a été engagé en décembre 2007 sous la houlette du Saudi Binladin Group (SBG), géant saoudien de la construction. En 2015, à la suite de divergences avec l’État sénégalais, auquel il réclamait un nouvel avenant de 63,84 milliards de F CFA, SBG a abandonné le chantier.
Il a été repris en main début 2016 par le consortium turc Summa et Limak Holding, désormais propriétaire de 66 % du capital de LAS SA, la société gestionnaire de l’aéroport, via un contrat de concession de vingt-cinq ans.
Alors que les travaux de finition s’achèvent dans le terminal passagers, un nouveau partenaire devrait contribuer à rendre un peu plus « glamour » les heures d’attente des voyageurs internationaux.
Début septembre, LAS SA a attribué la gestion exclusive des boutiques de l’aéroport (une zone duty free de 1 000 m2 et un point de vente Relay de 100 m2) au groupe français Lagardère. Un contrat grâce auquel Lagardère Travel Retail, sa filiale spécialisée déjà présente dans plus de trente pays, fait son entrée en Afrique de l’Ouest.
Par Amadou Oury Diallo et Cécile Manciaux (J.A)