Syrie: passe d'armes entre Paris et Ankara sur la question des FDS

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Le président français Emmanuel Macron (à droite) et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse conjointe à l'Elysée, le 5 janvier 2018.

La France ne prévoit pas de nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie, a affirmé l'Elysée ce vendredi 30 mars. L'ambiguïté devait être levée sans attendre car le doute a régné ces dernières heures, provoquant la colère d'Ankara. En cause : des déclarations d'un responsable kurde à l'issue d'une réunion avec Emmanuel Macron ce jeudi soir à Paris.

L'Elysée est catégorique. Aucune opération n'est prévue, la France ne va pas envoyer de soldats sur le terrain. Et si c'était le cas, elle ne le ferait pas toute seule, mais dans le cadre de la coalition internationale, sous mandat des Nations unies. Autrement dit, il n'est pas question que des militaires français se portent au secours des Forces démocratiques syriennes si les Turcs attaquent Manbij.

Mais si Recep Tayyip Erdogan passe à l'acte ; qu'après sa victoire à Afrin, il envoie ses troupes jusqu'à Manbij pour « anéantir les Kurdes », l'offensive serait « inacceptable », selon Emmanuel Macron. La France est sur la même ligne que les Etats-Unis, elle soutient les FDS qui ont eu un rôle déterminant dans la lutte contre le groupe Etat islamique. C'est pourquoi le président français se propose comme médiateur dans ce dossier afin d'établir un dialogue entre les Kurdes et les Turcs.

Un dialogue mal engagé

Au lendemain de la déclaration d'Emmanuel Macron, la réponse turque a été sans équivoque, rapporte notre correspondant à IstanbulAlexandre Billette. Recep Tayyip Erdogan parle d’une approche « erronée ». « Qui êtes vous pour proposer une médiation avec des terroristes ? », a lancé le président turc, ajoutant que « ceux qui ont reçu des terroristes à l’Elysée vont devoir rendre des comptes ».

Depuis ce vendredi matin, le pouvoir turc multiplie les déclarations outrées suite à cette proposition de médiation d’Emmanuel Macron entre la Turquie et les forces kurdes. C’est d’abord le porte-parole de la présidence qui a affirmé que la Turquie n’allait jamais négocier avec un mouvement « terroriste ». La médiation proposée par la France est un geste « irresponsable » a-t-il dit.

Même réaction violente de la part du vice-Premier ministre turc qui a déclaré que si la France devait soutenir une « organisation terroriste » qui frappe la Turquie, elle subirait le même traitement. Le chef de la diplomatie turque s’est entretenu ce vendredi matin avec Jean-Yves le Drian, mais le ton n’était visiblement pas plus serein puisque le ministre Cavusoglu a réagi dans la foulée en posant une question au gouvernement français : « De quel droit pouvez vous agir ainsi ? »

Bien sûr, l'Elysée se doutait de cette réaction. La question kurde est ce qui se fait de plus sensible en Turquie. Mais, pour Emmanuel Macron, qui veut replacer la France au coeur du dossier syrien, la première manche est perdue.

Source RFI ( 30/03/2018)