Le Tchad entre dans sa quatrième République
La nouvelle Constitution tchadienne est entrée en vigueur vendredi. Elle accorde des pouvoirs renforcés à Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990.
Le président tchadien Idriss Déby a signé, vendredi 4 mai à N'Djamena, l'ordonnance portant création de la 4e République lors d'une cérémonie solennelle, affirmant qu'elle impliquai "des comportements nouveaux et vertueux".
"L'entrée en vigueur effective de la nouvelle Constitution consacre la refondation de notre Nation qui se veut plus ambitieuse et plus forte", a affirmé le chef de l'État qui, avec ce texte et la 4e République qu'il instaure, voit ses pouvoirs renforcés. Critiquée par l'opposition, "la nouvelle Constitution qui entre dans sa phase matérielle est le parfait condensé des aspirations et attentes du peuple", a cependant affirmé Idriss Déby. Selon lui, la nouvelle République "est bâtie sur des valeurs fortes qui imposent des attitudes, des pratiques et des comportements nouveaux et vertueux".
Car "je reconnais volontiers que de nombreuses personnes ont bâti des fortunes importantes sur la base du détournement et de la corruption", a-t-il dit, ajoutant : "Je vous assure, mes chers compatriotes, que cette machine de l'enrichissement illicite et immoral va cesser de fonctionner quelle que soit sa marque et sa puissance".
Législatives en novembre 2018
Au pouvoir depuis 1990, le président Déby a par ailleurs demandé "le concours des partenaires financiers" pour organiser les élections législatives repoussées depuis 2015, dont il a confirmé qu'elles devaient bien se tenir en novembre 2018. Une date qu'il sera "difficile de tenir" sans l'aide de la communauté internationale, "étant donné la modicité de nos moyens", a-t-il affirmé. Le président Déby a en outre décrété une "amnistie générale", invitant tous les Tchadiens, qui "pour une raison ou pour une autre ont quitté leur pays", à "rentrer dignement". L'entrée en vigueur de la 4e République a été précédée de la démission, jeudi, du Premier ministre Albert Pahimi Padacké et de son gouvernement, la nouvelle Constitution supprimant le poste de Premier ministre.
"Coup d'État consitutionnel"
Un recours en annulation contre le projet de loi constitutionnelle déposé mercredi par 26 députés de l'opposition tchadienne au Conseil constitutionnel a été rejeté. Le leader de l'opposition, Saleh Kebzabo, a dénoncé vendredi dans un communiqué l'adoption de ce texte comme "un coup d'État constitutionnel contre la démocratie et le peuple tchadien", affirmant que "tous les pouvoirs [sont] désormais concentrés aux mains d'un seul homme". Il a exhorté "la communauté internationale à sortir de son silence qui pourrait être considéré comme de la complicité" avec le président Déby. L'opposition, des organisations de la société civile et l'Église catholique avaient demandé que la nouvelle Constitution soit adoptée par référendum et non par voie parlementaire. La plupart des députés de l'opposition avaient boycotté le vote du texte lundi à l'Assemblée.
Source RFI Avec AFP Première publication : 06/05/2018