Fuites urinaires et Sport
Chaque semaine, le Dr Jean-Marc Sène, médecin du sport et médecin de l'équipe de France de judo, présente sa chronique sport dans Priorité Santé. Cette semaine il nous parle des fuites urinaires, un problème qui touche de nombreuses femmes et qui peut les gêner dans la pratique de certains sports :
Quelles sont les causes des fuites urinaires et quels sont les sports à risque ?
C’est un problème fréquent car un quart des françaises de plus de 25 ans sont des sportives régulières. L’incontinence urinaire se définit par toute fuite involontaire d’urine pouvant entrainer une gêne. L’incontinence urinaire d’effort correspond à des fuites lors de l’effort (activités sportives, toux, rire, éternuement, marche, changement de position). Elle est la conséquence d’une faiblesse des muscles du périnée (périnée : partie du corps fermant en bas le petit bassin et traversée par la terminaison des voies urinaires, génitales et digestives) chargés de soutenir la vessie et l’urètre et/ou d’une faiblesse du sphincter de l’urètre (muscle chargé d’assurer l’étanchéité de la vessie). Tout au long de la vie d'une femme, certains évènements affaiblissent naturellement le périnée comme les accouchements ou la ménopause. Les sports à risque sont tous les sports qui causent une forte pression sur l'abdomen mais également tous ceux qui demandent des sauts répétés prédisposent à des fuites urinaires. Parce qu'ils créent un déséquilibre abdomino-pelvien important.
Il s’agit de :
• la gymnastique sportive comme le fitness, aérobic
• l'athlétisme comme les sauts
• les sports collectifs comme le basket ou le volley, de l'équitation.
Mais ces sports ne sont pas les seuls à incriminer, il faut savoir que la pratique trop intense et fréquente de certains abdominaux est également en cause comme les relevés de buste trop rapides, les pédalages, ciseaux quand il faut gonfler le ventre. Le risque d'apparition de fuites urinaires est plus modéré lorsque l'on fait du jogging, du ski ou du tennis.
Pourtant c’est un sujet dont on entend peu parler, est-ce un sujet tabou ?
C’est un sujet tabou ! Une femme sur deux déclare connaître le lien pratique sportive–incontinence urinaire 85% des femmes interrogées considèrent qu’il s’agit d’un sujet dont il est difficile de parler à son entourage. 34 % des sportives occasionnelles et 48 % des sportives intensives pensent même qu’il s’agit d’un sujet dont il est difficile de parler à son médecin ! C’est regrettable car il existe des solutions à ces troubles !
Pour les sportives de haut niveau comme pour les athlètes en herbe, il faut d'abord prévenir le risque d'apparition de fuites urinaires en musclant son périnée. Contracter son périnée par série de 10 contractions/décontractions 3 à 5 fois par jour est un bon rythme. Toutes les occasions sont bonnes pour s'entraîner en toute discrétion, au bureau, dans le bus, en voiture.. Dans le cas où des fuites urinaires se déclareraient malgré ces exercices, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin, généraliste ou gynécologue. Il vous aidera à trouver la solution la mieux adaptée comme de la rééducation du périnée chez un kinésithérapeute. Il faut compter entre 10 à 20 séances pour tonifier son périnée et apprendre à bien connaître le fonctionnement de tous ces muscles.
La chirurgie, comme la pose de bandelette est aussi une solution envisageable.
En complément, il est indispensable d'utiliser des protections spécifiquement faites pour les petites fuites urinaires. Très discrètes, elles protègent des fuites et des odeurs et permettent de continuer en toute tranquillité d'esprit la pratique de son sport préféré.